Choisir Judicieusement Canada

Points de vue 11/1/16

La médecine n’est Pas Seulement une Science, c’est un Art: Pourquoi une bonne conversation avec votre Médecin est bonne pour votre santé

Beaucoup de gens voient les médecins comme des experts de la « science » de la médecine. Au cours de mes trois décennies de pratique en tant que médecin de famille, j’ai appris qu’être un expert dans « l’art » de la médecine est d’une importance égale. Cet art est sous-jacent aux relations thérapeutiques et bienveillantes que nous construisons avec nos patients.

Je suis là pour les patients pendant les grands moments de la vie — naissances, maladies et décès — et les moments pas si grands, lorsque quelqu’un a une préoccupation et a besoin d’être rassuré ou a une question sur ce qui est le mieux pour sa santé. La façon dont j’ai construit et renforcé ces relations importantes avec mes patients au fil des ans passe par une bonne conversation.

Lorsque je vois des patients, j’essaie de comprendre ce qui sous-tend leurs préoccupations et comment je peux les rassurer. Et le réconfort ne vient pas toujours de la commande d’un test ou d’un traitement.

En fait, un test ou un traitement peut parfois ne pas être nécessaire et peut entraîner des dommages.

Par exemple, les directives ont changé et nous n’offrons pas de test Pap annuel pour les femmes. Au lieu de cela, certains groupes d’âge sont dépistés tous les trois ans, et d’autres pas du tout. Il en va de même pour les ECG (électrocardiogrammes). Ce test n’est pas utile dans les examens de routine pour les personnes sans facteurs de risque de maladie cardiaque ou antécédents familiaux. En fait, un ECG peut parfois montrer des anomalies généralement trouvées et inoffensives, entraînant une anxiété excessive, des tests et des traitements supplémentaires.

J’encourage toujours mes patients à venir pour une visite de santé annuelle pour discuter de questions ou de préoccupations.

Même lorsqu’il y a des problèmes de santé spécifiques, un test peut ne pas être la bonne solution. Par exemple, une plainte commune que nous voyons en médecine familiale est la douleur au bas du dos. De nombreux patients veulent une radiographie ou une IRM. Mais de grandes études ont montré que les patients qui subissent une imagerie ne s’en sortent pas mieux que ceux qui ne le font pas. L’imagerie peut révéler des anomalies de la colonne vertébrale complètement indépendantes de la douleur. Cela peut causer des inquiétudes et peut entraîner des tests de suivi et des procédures inutiles telles que des injections ou parfois même une intervention chirurgicale.

C’est la nature humaine de vouloir une solution rapide, mais parfois les preuves montrent que ce n’est pas la meilleure voie à suivre.

La surutilisation d’antibiotiques est un autre bon exemple. Les médecins de famille voient beaucoup de parents amener leurs enfants se plaindre d’infections douloureuses de l’oreille. La plupart des infections de l’oreille sont causées par des virus, pas par des bactéries. Mais « juste au cas où », il est devenu habituel de prescrire des antibiotiques, qui ne sont efficaces que contre les bactéries. Cela n’aide pas nos patients et, en fait, les médicaments antidouleurs en vente libre peuvent mieux soulager la douleur de l’enfant.

L’utilisation abusive d’antibiotiques nous nuit tous et des études montrent qu’elle a conduit à la propagation de superbactéries puissantes et résistantes aux antibiotiques.

Dans ces situations, où faire un test ou un traitement peut causer plus de mal que de bien, j’essaie de rassurer mes patients par une bonne conversation.

Il y a un grand nombre de preuves derrière le pouvoir de la communication. Il s’avère que de bonnes conversations entre médecins et patients sont bonnes pour la santé et le bien-être des patients. Lorsque les patients estiment que leur médecin a bien communiqué avec eux, ils signalent une meilleure compréhension de leurs problèmes de santé et de leur plan de traitement.

Une bonne communication rend également les patients et les membres de leur famille plus heureux des soins qu’ils ont reçus.

Une étude menée par un groupe de chercheurs canadiens d’Ottawa a révélé que lorsque les médecins et les patients utilisaient des aides à la décision pour favoriser les conversations dans des domaines d’incertitude clinique, les patients ressentaient moins de conflits et d’incertitude et avaient plus confiance en des choix médicaux difficiles.

Une autre étude a interrogé des médecins de famille à travers les États-Unis sur les obstacles à la réduction des soins inutiles dans leurs propres pratiques. Les médecins ont souligné un manque de temps pendant la rencontre clinique pour avoir une bonne conversation.

Mais les patients ont le droit de poser des questions critiques sur les options de soins nécessaires et inutiles qui peuvent ouvrir la porte à une conversation saine. C’est pourquoi Choisir Judicieusement Canada a mis en place des moyens d’amorcer la conversation entre les patients et les médecins.

Donc, chaque fois qu’on vous propose un test ou un traitement, demandez:

• Ai-je vraiment besoin de ce test, de ce traitement ou de cette procédure?

Une bonne conversation avec votre professionnel de la santé ne devrait pas prendre trop de temps pour l’un ou l’autre de vous. Les médecins et les patients veulent tirer le meilleur parti des moments précieux d’une conversation clinique. Poser ces questions est un bon moyen de commencer.

Le Dr Lynn Wilson est un conseiller expert auprès de EvidenceNetwork.ca , médecin de famille au Women’s College Hospital et vice-doyenne à la Faculté de médecine de l’Université de Toronto.

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