Jean Pierre Boyer (peut-être le 15 février 1776 – 9 juin 1850) fut président d’Haïti de 1822 à 1843.
Boyer était un mulâtre affranchi, né à Port-au-Prince il travaillait comme tailleur. Il combat avec Toussaint L’Ouverture à partir de 1792 et atteint le grade de capitaine mais se retourne contre lui après la victoire. Après avoir participé au coup d’État manqué de 1799, il fuit l’île pour la France, ne revenant qu’en 1802 avec les Français sous les ordres de Charles Leclerc. De nouveau, il abandonne ses anciens alliés pour rejoindre les forces d’Alexandre Pétion.
L’ancienne Haïti française s’est scindée nord-sud en 1806 à la suite du renversement de l’empereur Jean-Jacques Dessalines en deux royaumes distincts d’Henri Christophe et de Pétion. Boyer est nommé successeur de Pétion et prend le contrôle du sud après sa mort en 1818. Lorsque Christophe se suicide en 1820, Boyer sécurise la partie nord du pays. Lorsque Saint-Domingue espagnol est devenu indépendant à la fin de 1821, Boyer n’a pas tardé à envahir et à unir ainsi toute l’île en février 1822.
Sur le plan international, Boyer, soucieux d’écarter la menace de la France, ouvre des négociations. Un accord est conclu le 11 juillet 1825, lorsqu’avec quatorze navires de guerre français au large de Port-au-Prince, Boyer signe une indemnité, stipulant qu’en échange de 150 millions de francs versés dans les cinq ans, la France reconnaîtrait Haïti comme un pays indépendant. Alors que cette somme fut plus tard réduite à 60 millions de francs (1838), ce fut un coup économique écrasant pour Haïti, et Boyer dut cruellement négocier un prêt de la France de 30 millions de francs afin de payer la première partie de l’indemnité. Pendant ce temps, la population haïtienne se repliait sur un modèle de subsistance agricole, défiant le plan initial de Boyer visant à imposer le système de fermage semi-féodal.
Le peuple haïtien a été lésé par leur situation et pour les apaiser, Boyer a ressuscité un programme de distribution des terres, tenté puis abandonné lors de la révolution initiale. Les grandes plantations ont été démantelées et les terres distribuées, la population rurale a été liée à ses petites exploitations et a reçu des quotas de production.
Le règne de Boyer dura jusqu’en 1843, lorsque la mauvaise situation économique fut aggravée par un tremblement de terre et que la population rurale défavorisée se souleva sous Charles Rivière Hérard à la fin du mois de janvier. Le 13 février, Boyer fuit Haïti vers la Jamaïque voisine avant de s’exiler en France et de mourir à Paris.
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