Nous avons besoin d’une meilleure compréhension des mariages interethniques en Afrique subsaharienne

La figure 2 montre les parts de chaque type de mariages mixtes par cohorte de femmes de naissance, illustrant ainsi le taux de variation des parts de mariages mixtes. Cela montre que la part des mariages interethniques a augmenté au fil du temps dans l’échantillon regroupé. Il n’y a pas de pays où les mariages interethniques sont devenus moins fréquents. La part des mariages interconfessionnels, en revanche, a diminué dans l’échantillon regroupé. Ce n’est qu’au Cameroun que les mariages interconfessionnels sont devenus plus fréquents. La part des mariages musulmans-chrétiens est restée stable.

 Graphique de données sur les parts de mariages mixtes sur l'échantillon regroupé
Figure 2: Titre: Parts de mariages mixtes sur l’échantillon regroupé
Remarque: Part observée des mariages mixtes par cohorte de femmes de naissance. intervalles de confiance à 95 % inclus. Données: Échantillon regroupé et pondéré de 15 pays : Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Gabon, Ghana, Guinée, Kenya, Malawi, Mali, Niger, Ouganda, Sénégal, Togo et Zambie. Échantillon: Femmes actuellement en union.

L’augmentation de la part des mariages interethniques est probablement due aux effets combinés de l’augmentation du niveau d’éducation, de l’urbanisation et de l’évolution des normes. L’analyse de régression pour examiner les corrélats du fait d’être dans un mariage interethnique montre une augmentation des parts de mariage interethnique de 4,2 points de pourcentage entre la cohorte de 1960 et celle de 1985, même après que l’éducation et la résidence urbaine ont été contrôlées. Un mélange accru et des changements dans les préférences et les normes sont susceptibles d’entraîner cet effet. En revanche, les mariages interconfessionnels ont diminué en raison de la diminution de la part des personnes s’identifiant à des religions autres que l’islam et le christianisme, principalement en raison du déclin des religions africaines traditionnelles. Il n’y a donc aucune indication d’un changement des normes concernant les mariages interconfessionnels.

L’étude des mariages interethniques permet de qualifier les hypothèses faites sur l’identité ethnique dans les pays africains: la plupart de la littérature économique suppose que les individus appartiennent à un seul groupe ethnique, et la plupart des enquêtes menées dans les pays d’Afrique subsaharienne n’incluent pas la possibilité de déclarer leur appartenance à un groupe d' »ascendance mixte ». Dans les groupes ou sociétés patrilinéaires, les individus ont tendance à s’identifier comme appartenant au groupe ethnique de leur père lorsqu’on leur pose une question fermée sur leur identité ethnique, mais raconteront des histoires plus complexes lorsqu’on leur pose des questions ouvertes, et peuvent utiliser leurs liens avec un autre groupe ethnique (comme savoir parler une autre langue) dans la vie quotidienne.

La part élevée des mariages interethniques suggère qu’il est important de collecter des données ethniques de manière à permettre aux gens de cocher plusieurs cases d’identité et à une compréhension plus nuancée des identités basées sur l’ethnicité: les frontières entre les groupes ne sont pas toujours des clivages.

Photo: Un mariage à Mukono, Ouganda par Andrew Itaga sur Unsplash.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.