Pape Jean XXII

Aidez-nous à soutenir la mission de New Advent et obtenez le contenu complet de ce site Web en téléchargement instantané. Comprend l’Encyclopédie catholique, les Pères de l’Église, la Summa, la Bible et plus encore — le tout pour seulement 19,99 $…

( JACQUES D’USE)

Né à Cahors en 1249 ; intronisé le 5 septembre 1316; mort à Avignon le 4 décembre 1334. Il a reçu sa première éducation des Dominicains de sa ville natale, puis a étudié la théologie et le droit à Montpellier et à Paris. Il enseigne ensuite le droit canon et le droit civil à Toulouse et Cahors, entre en relation étroite avec Charles II de Naples et, sur sa recommandation, est nommé évêque de Fréjus en 1300. En 1309, il est nommé chancelier de Charles II et, en 1310, il est transféré sur le siège d’Avignon. Il a rendu des avis juridiques favorables à la répression des Templiers, mais il a également défendu Boniface VIII et la bulle « Unam Sanctam ». Le 23 décembre 1312, Clément V le fait cardinal-évêque de Porto. Après la mort de Clément V (20 avril 1314), le Saint-Siège fut vacant pendant deux ans et trois mois et demi. Les cardinaux réunis à Carpentras pour l’élection d’un pape étaient divisés en deux factions violentes, et ne parvenaient à aucun accord. Le collège électoral était composé de huit cardinaux italiens, dix de Gascogne, trois de Provence et trois d’autres régions de France. Après de nombreuses semaines de discussions non rentables sur le lieu du conclave, l’assemblée électorale a été entièrement dissoute. Les efforts de plusieurs princes pour inciter les cardinaux à entreprendre une élection étaient inefficaces: aucun des partis ne céderait. Après son couronnement, Philippe V de France a finalement pu réunir un conclave de vingt-trois cardinaux au monastère dominicain de Lyon le 26 juin 1316, et le 7 août, Jacques, Cardinal-évêque de Porto, a été élu pape. Après son couronnement à Lyon le 5 septembre sous le nom de Jean XXII, le pape se mit en route pour Avignon, où il fixa sa résidence.

Sa vaste correspondance montre que Jean XXII suivait de près les mouvements politiques et religieux dans tous les pays, et cherchait en toutes occasions la promotion des intérêts ecclésiastiques. Il n’insistait pas moins que ses prédécesseurs sur l’influence suprême de la papauté en matière politique. Pour cette raison, il se trouva impliqué dans de graves disputes qui durèrent tout au long de la plus grande partie de son pontificat. De grandes difficultés ont également été soulevées pour le pape par les controverses entre les franciscains, que Clément V avait tenté en vain de régler. Un certain nombre de Franciscains, dits « Spirituels » ou « Fraticelli », adeptes des vues les plus rigoureuses, refusèrent de se soumettre à la décision de ce pape, et après la mort de Clément V et de Gonzalvez, Général des Minorités, ils se révoltèrent, surtout dans le Sud de la France et en Italie, déclarant que le pape n’avait aucun pouvoir de les dispenser de leur règle, car ce n’était rien d’autre que l’Évangile. Ils ont ensuite chassé les Conventuels de leurs maisons et en ont pris possession, provoquant ainsi un scandale et beaucoup de désordre. Le nouveau général, Michel de Cesena, fit appel à Jean qui, en 1317, ordonna aux frères réfractaires de se soumettre à leurs supérieurs et fit enquêter les doctrines et les opinions des Spirituels. Le 23 janvier 1318, beaucoup de leurs doctrines ont été déclarées erronées. Ceux qui ont refusé de céder ont été traités comme des hérétiques: beaucoup ont été brûlés sur le bûcher, et certains se sont enfuis en Sicile.

Ces troubles chez les franciscains ont été accrus par la querelle sur la pauvreté évangélique qui a éclaté parmi les Conventuels eux-mêmes. Le chapitre général de Pérouse, par l’intermédiaire de son général, Michel de Cesena, et d’autres savants de l’ordre (dont Guillaume Occam), défendit l’opinion de Bérenger Talon, selon laquelle le Christ et Ses apôtres n’avaient aucun bien ni individuellement ni en commun. En 1322, le pape Jean déclara cette déclaration nulle et non avenue et, en 1323, dénonça comme hérétique l’affirmation selon laquelle le Christ et les apôtres n’avaient aucun bien ni individuellement ni en commun, et ne pouvaient même pas disposer légitimement de ce qu’ils avaient pour un usage personnel. Non seulement les Spirituels, mais aussi les adhérents de Michel de Cesena et de Guillaume Occam, protestèrent contre ce décret, après quoi en 1324, le pape publia une nouvelle Bulle, confirmant son ancienne décision, écartant toutes les objections et déclarant ceux qui s’opposaient à cette décision hérétiques et ennemis de l’Église. Cité à comparaître à Avignon, Michel de Cesena obéit à la convocation, mais refuse de céder et, menacé d’emprisonnement, cherche la sécurité en fuite. Quittant Avignon le 25 mai 1328, accompagné de Guillaume Occam et de Bonagratia de Bergame, il se rendit auprès de Louis de Bavière pour obtenir sa protection.

Les conditions politiques en Allemagne et en Italie poussèrent le pape à affirmer sur cette dernière des revendications politiques de grande portée, et de même à l’égard de la Couronne allemande, en raison de l’union de cette dernière avec la charge impériale. Sur ce point, une violente querelle éclate entre le pape et le roi Louis de Bavière. Lors de la vacance qui suivit la mort de Clément V, une élection contestée pour le trône d’Allemagne avait eu lieu, Louis de Bavière ayant été couronné à Aix-la-Chapelle et Frédéric d’Autriche à Bonn (25 nov., 1314). Les électeurs des deux candidats ont écrit au futur pape pour obtenir la reconnaissance de leur choix, et aussi pour lui demander le couronnement impérial. Le jour de son couronnement (5 sept., 1315) Jean écrivit à Louis et Frédéric ainsi qu’aux autres princes allemands, les exhortant à régler leurs différends à l’amiable. Comme il n’y avait pas de roi allemand universellement reconnu et que le pape n’avait donné la préférence à aucun des deux candidats, aucun ne pouvait espérer exercer l’autorité impériale. Néanmoins, en 1315, Louis nomme Jean de Belmont vicaire impérial pour l’Italie et soutient en même temps Galeazzo Visconti de Milan, alors en opposition ouverte au pape. Ce dernier soutenait (13 mars 1317) qu’en raison de la vacance de l’Empire romain, toute la juridiction impériale relevait du pape et, à l’exemple de son prédécesseur Clément V, il nomma le roi Robert de Sicile vicaire impérial pour l’Italie (juillet 1317). Le 28 septembre 1322, Louis de Bavière informa le pape qu’il avait vaincu son adversaire, Frédéric d’Autriche, sur lequel Jean lui écrivit une lettre amicale.

Louis, cependant, n’a pas pris d’autres mesures pour effectuer une réconciliation avec le pape. Au contraire, il soutient dans leur opposition aux légats pontificaux les Visconti de Milan excommuniés et les Gibelins italiens, agit comme empereur légitime et proclame, le 2 mars 1323, Berthold von Neiffen vicaire impérial pour l’Italie. Jean, suivant le précédent de Grégoire VII et d’Innocent III, avertit alors Louis de Bavière que l’examen et l’approbation du roi allemand élu en vue de l’effusion conséquente de la dignité impériale appartiennent au pape; qu’il doit s’abstenir d’exercer les droits royaux jusqu’à ce que la légitimité de son élection ait été réglée; qu’il doit rappeler tous les commandements déjà émis, ne plus aider les ennemis de l’Église — en particulier les Visconti de Milan, condamnés comme hérétiques — et se présenter dans les trois mois devant le pape. Si Louis ne se soumettait pas à cette exhortation, il était menacé d’excommunication. Le comportement ultérieur de Louis était très équivoque. Il envoya une ambassade auprès du pape, demandant et obtenant un délai de deux mois avant de se présenter en présence papale. En même temps, il déclara à Nuremberg, le 16 novembre 1323, qu’il ne reconnaissait pas l’action du pape ni sa prétention à examiner l’élection d’un roi allemand ; il accusa également Jean de soutenir les hérétiques et proposa la convocation d’un conseil général pour le juger. Pendant ce répit, prolongé à sa propre demande, Louis ne fait aucun pas vers une réconciliation, et le 23 mars 1324, Jean prononce sur le roi la sentence d’excommunication. D’autre part, ce dernier publia à Sachsenhausen, le 22 mai 1324, un appel dans lequel il accusait le pape d’inimitié envers l’empire, d’hérésie et de protection des hérétiques, et fit appel de la décision de Jean devant un conseil général. Une brèche ouverte existait désormais, suivie de résultats désastreux. Louis persécuta les quelques cardinaux allemands, qui reconnaissaient la Bulle papale, après quoi Jean, le 11 juillet 1324, déclara déchus tous ses droits à la reconnaissance impériale. Le pape ratifia en outre le traité entre le duc Léopold d’Autriche et Charles Ier de France, dans lequel le premier promettait d’aider le second au titre de roi d’Allemagne, puis d’Empereur romain. Cependant, comme Léopold est décédé le 28 février., 1326, et Louis de Bavière et Frédéric d’Autriche se sont réconciliés, le pouvoir du roi en Allemagne s’est fermement établi.

La querelle entre Jean XXII et Louis de Bavière a suscité une vive querelle littéraire concernant les relations de l’Église et de l’État. Louis a été soutenu par les Spirituels franciscains, par ex. Ubertino da Casale, Michel de Cesena, Guillaume Occam, Bonagratia de Bergame, et bien d’autres dont les idées extrêmes sur la question de la pauvreté religieuse avaient été condamnées par le pape; également par deux théologiens de l’Université de Paris, Marsilius de Papouasie et Jean de Gentiane (de Gentiane), coauteurs du fameux « Defensor Paces », qui visait à prouver que le seul moyen de maintenir la paix est la subordination complète du pouvoir ecclésiastique à celui de l’État. Niant la primauté du pape, les auteurs ont affirmé que l’empereur seul pouvait autoriser les ecclésiastiques à exercer une juridiction pénale, que tous les biens temporels de l’Église appartenaient à l’empereur, etc. D’autres théologiens — par exemple Henry von Kelheim, provincial des Minorités, Ulrich Hanganoer, secrétaire particulier du roi, l’abbé Engelbert d’Admont, Lupold de Bebenburg, ensuite évêque de Bamberg, et William Occam, bien que moins extrêmes dans leurs vues que les auteurs du « Defensor Paces », exaltaient volontiers l’impérial au-dessus du pouvoir papal. Il était malheureux pour le roi inconstant et, en matière théologique, inexpérimenté, qu’il tombe entre les mains de tels conseillers. Le « Defensor Paces » a été anathématisé par une bulle papale du 23 octobre 1327, et certaines de ses thèses ont été condamnées comme hérétiques par l’Université de Paris. De nombreux théologiens dans leurs écrits ont défendu la hiérarchie ecclésiastique et la primauté du pape, parmi lesquels l’Augustin Alexandre a Sancto Elpidio, plus tard archevêque de Ravenne, le Mineur Alvarius Pelagius, l’Augustinien Augustinus Triumphus d’Ancône et Conrad de Megenberg. De leur côté, cependant, la défense a été portée trop loin, certains d’entre eux vantant même le pape comme souverain absolu du monde.

Lorsque Louis de Bavière vit son pouvoir solidement établi en Allemagne, il partit au début de 1327 pour l’Italie, où en février, avec les chefs des Gibelins italiens, il tint un congrès à Trente. En mars, il est passé par Bergame pour se rendre à Milan. Le 3 avril, Jean XXII déclara déchus tous les droits de Louis sur la Couronne allemande, ainsi que sur tous les fiefs détenus par l’Église et par les anciens souverains, et enfin sur le duché de Bavière. De plus, il convoque Louis devant le Saint-Siège dans les six mois, et l’accuse d’hérésie pour avoir défendu une doctrine que le Chef de l’Église avait répudiée, et pour avoir pris sous sa protection les hérétiques, Marsilius et Jean de Gentiane. Louis ne prêta aucune attention à cet avis, ce qui ne fit qu’aggraver son opposition au pape. À Milan, il reçut (le 30 mai) la couronne de Lombardie des mains de deux évêques déchus, et nomma arbitrairement plusieurs nouveaux évêques. Le pape de son côté nomma des évêques aux sièges vacants au sein de l’empire, et continua à remplir les différentes prélats réservées, de sorte qu’un schisme ouvert existait désormais. En 1328, Louis partit pour Rome, où les Guelfes avaient été renversés avec leur sénateur, le roi Robert de Naples. Le 17 janvier 1328, le roi allemand excommunié reçut à Rome la couronne impériale de Sciarra Colonna qui, le 18 avril, après une procédure farfelue, et au nom de Louis de Bavière, proclama Jean XXII hérétique, usurpateur et oppresseur de l’Église, et le priva de toutes ses dignités papales. Une image de paille du pape fut brûlée publiquement à Rome, et le 12 mai le Spirituel franciscain, Pietro Rainalducci de Corbario, fut proclamé antipape par Louis, prenant à sa consécration (22 mai) le nom de Nicolas V.

Mais Louis s’était rendu si universellement odieux en Italie, à cause de ses prélèvements fiscaux, que la position de l’antipape était intenable. De nombreuses villes et dirigeants gibelins se sont réconciliés avec le pape, et enfin Pietro de Corbario lui-même a écrit à Jean, demandant pardon et absolution. À Avignon, le 25 août 1330, il reconnut publiquement sa culpabilité en présence du pape et des cardinaux, après quoi ceux-ci lui donnèrent l’absolution et le baiser de paix. Néanmoins, Pietro n’a pas été autorisé à quitter la ville, où il a passé les trois années restantes de sa vie en pénitence volontaire et en étude. Par degrés, toute l’Italie est revenue à l’obéissance du pape légitime. Ce dernier avait entre-temps renouvelé sa condamnation contre Louis de Bavière, et proclamé en Italie une croisade contre lui (1328). En même temps, il convoqua les princes allemands pour organiser une autre élection et excommunia Michel de Cesena, Guillaume Occam et Bonagratia. Les adhérents de Louis en Lombardie ont rapidement diminué et il est retourné en Allemagne au début de 1330. Là aussi, le peuple était las du long conflit, et souhaitait la paix, de sorte que Louis fut obligé de faire des pas vers une réconciliation avec le pape. En mai 1330, il entre en négociations avec Avignon par la médiation de l’archevêque Baldwin de Trèves, du roi Jean de Bohême et du duc Otton d’Autriche. Le pape a exigé de Louis la renonciation à toutes les prétentions sur le titre impérial. À cette occasion, Louis refusa d’en entretenir l’idée, mais fut plus tard (1333) disposé à discuter du projet de son abdication. L’affaire a cependant été reportée. Si Jean XXII a arbitrairement séparé l’Italie de l’empire n’a jamais été définitivement réglé, car l’authenticité de la bulle « Ne praetereat » n’est pas certaine.

Dans les dernières années du pontificat de Jean, il y eut un conflit dogmatique au sujet de la Vision béatifique, qui fut portée par lui-même, et dont ses ennemis se servirent pour le discréditer. Avant son élévation au Saint-Siège, il avait écrit un ouvrage sur cette question, dans lequel il déclarait que les âmes des bienheureux défunts ne voient Dieu qu’après le Jugement dernier. Après être devenu pape, il a avancé le même enseignement dans ses sermons. En cela, il a rencontré une forte opposition, de nombreux théologiens, qui ont adhéré à l’opinion habituelle selon laquelle le bienheureux défunt voyait Dieu avant la Résurrection du Corps et le Jugement dernier, qualifiant même son point de vue d’hérétique. Une grande agitation a été suscitée à l’Université de Paris lorsque le Général des Minorités et un Dominicain ont tenté d’y diffuser le point de vue du pape. Le pape Jean a écrit au roi Philippe IV à ce sujet (novembre 1333) et a souligné le fait que, tant que le Saint-Siège n’avait pas pris de décision, les théologiens jouissaient d’une parfaite liberté en la matière. En décembre 1333, les théologiens de Paris, après une consultation sur la question, décidèrent en faveur de la doctrine selon laquelle les âmes des bienheureux défunts voyaient Dieu immédiatement après la mort ou après leur purification complète; en même temps, ils ont souligné que le pape n’avait donné aucune décision sur cette question, mais seulement avancé son opinion personnelle, et ont maintenant demandé au pape de confirmer leur décision. Jean nomma une commission à Avignon pour étudier les écrits des Pères et discuter plus avant de la question litigieuse. Lors d’un consistoire tenu le 3 janvier 1334, le pape déclara explicitement qu’il n’avait jamais eu l’intention d’enseigner quelque chose de contraire à l’Écriture Sainte ou à la règle de la foi et qu’il n’avait en fait pas l’intention de prendre quelque décision que ce soit. Avant sa mort, il a retiré son opinion antérieure et a déclaré sa conviction que les âmes séparées de leur corps jouissaient au ciel de la Vision béatifique.

Les Spirituels, toujours en étroite alliance avec Louis de Bavière, profitèrent de ces événements pour accuser le pape d’hérésie, étant soutenus par le cardinal Napoléon Orsini. En union avec ce dernier, le roi Louis écrit aux cardinaux, les exhortant à convoquer un conseil général et à condamner le pape. L’incident n’a cependant pas eu d’autres conséquences. Avec une énergie inlassable, et dans d’innombrables documents, Jean a suivi toutes les questions ecclésiastiques ou politico-ecclésiastiques de son temps, bien qu’aucune grandeur particulière ne soit remarquable dans ses relations. Il donna des conseils salutaires aux souverains régnants, en particulier aux rois de France et de Naples, régla les différends des souverains et tenta de rétablir la paix en Angleterre. Il augmenta le nombre de sièges en France et en Espagne, fut généreux avec de nombreux savants et collèges, fonda une bibliothèque de droit à Avignon, favorisa les beaux-arts et envoya et entretenait généreusement des missionnaires en Extrême-Orient. Il a fait examiner les œuvres de Petrus Olivi et de Meister Eckhardt, et a condamné le premier, tandis qu’il a censuré de nombreux passages des œuvres du second. Il publia les  » Clémentines  » comme recueil officiel du  » Corpus Juris Canonici « , et fut l’auteur de nombreuses décrétales ( » Extravagantes Johannis XXII  » in  » Corp. Jur. Peut. »). Il agrandit et réorganisa en partie la Curie pontificale, et fut particulièrement actif dans l’administration des finances ecclésiastiques.

Les revenus habituels de la papauté augmentèrent très maigres, en raison de l’état perturbé de l’Italie, en particulier des États pontificaux, à la suite du retrait de la Papauté de son siège historique à Rome. De plus, depuis la fin du XIIIe siècle, le Collège des cardinaux avait bénéficié de la moitié des revenus importants des royaumes tributaires, de la servitia communia des évêques et de certaines sources moins importantes. Le pape Jean, quant à lui, avait besoin de revenus importants, non seulement pour l’entretien de sa Cour, mais surtout pour les guerres en Italie. Depuis le XIIIe siècle, le trésor pontifical exigeait des bénéfices mineurs, lorsqu’ils étaient conférés directement par le pape, une petite taxe (annata. – Voir ANNATES; CAMÉRA APOSTOLIQUE). En 1319, Jean XXII se réserva tous les bénéfices mineurs qui tombaient vacants dans l’Église occidentale au cours des trois années suivantes, et recueillait ainsi de chacun d’eux les annates susmentionnées, aussi souvent qu’elles étaient conférées par le pape. De plus, de nombreux bénéfices étrangers étaient déjà canoniquement dans le don papal, et les annates d’eux étaient versées régulièrement dans le trésor papal. Jean faisait également usage fréquent du droit connu sous le nom de jus spolii, ou droit de butin, qui lui permettait dans certaines circonstances de détourner la succession d’un évêque décédé dans le trésor pontifical. Il obtint un soulagement supplémentaire en exigeant des subventions spéciales de divers archevêques et de leurs suffragants. La France, en particulier, lui a fourni l’aide financière la plus importante. La réserve étendue de bénéfices ecclésiastiques était destinée à exercer une influence préjudiciable sur la vie ecclésiastique. L’administration centralisée revêtait un caractère hautement bureaucratique et le point de vue purement juridique était trop constamment mis en évidence. Les mesures financières du pape, cependant, ont été un grand succès à l’époque, bien qu’elles n’aient finalement suscité aucune résistance et insatisfaction. Malgré les dépenses importantes de son pontificat, Jean laissa une succession de 800 000 florins d’or — et non cinq millions comme l’ont indiqué certains chroniqueurs.

Jean XXII mourut le 4 décembre 1334, dans la quatre-vingt-cinquième année de son âge. C’était un homme de caractère sérieux, aux habitudes austères et simples, largement cultivé, très énergique et tenace. Mais il s’en tenait trop aux traditions canonico-légales et centralisait trop l’administration ecclésiastique. Ses mesures financières, plus rigoureusement appliquées par ses successeurs, firent généralement détester la Curie d’Avignon. On estimait que le transfert de la papauté de Rome à Avignon avait eu lieu dans l’intérêt de la France, impression renforcée par la prépondérance des cardinaux français et par le conflit de longue date avec le roi Louis de Bavière. De cette manière a été suscitée une méfiance généralisée à l’égard de la papauté, qui ne pouvait manquer d’entraîner des conséquences préjudiciables à la vie intérieure de l’Église.

Sources

COULON, Lettres secrètes et curiales du pape Jean XXII, parents à la France (Paris, 1900-) ; MOLLAT, Lettres communes du pape Jean XXII (Paris, 1901-) ; GUERARD, Documents pontificaux sur la Gascogne, Pontificat de Jean XXII, I-II (Paris, 1897) ; FAYEN, Lettres de Jean XXII, I (Bruxelles, 1908) ; RAYNALDUS, Annales ecclésiastiques ad ann. 1316-1334, XXIV (Bar-Le-Duc, 1872-); RIEZLER, Actes Du Vatican sur l’histoire allemande. in der Zeit Koenig Louis de Bavière (Innsbruck, 1891); BLISS, Calendar of Papal Letters, II (Londres, 1895); SAUERLAND, chartes u. Regesten zur Gesch. de la Rhénanie des archives vaticanes, I-Il (Bonn, 1902-3); BROM, Bullar. Trajectense, (2 vol., La Haye, 1891-6); RIEDER, Roem. Sources de L’Évêché de Constance. au temps de la Paepste à Avignon (Innsbruck, 1908): LANG, les actes sur les accusations de la Curie pontificale à la province u. Dioezese Salzbourg 1316-1378 (Graz, 1903); BALUZE, Vitae paparum Avinionensium, I (Paris, 1693); VILLAVI, Cronica (Florence, 1823); VERLAQUE, Jean XXII, sa vie et ses œuvres (Paris, 1883); MUELLER, la lutte de Louis de Bavière avec Rome. Curie, I (Tübingen, 1879); IDEM, Ludwigs D. Bayern appellations contre Jean XXII. dans Zeitschr. pour le droit canonique, XIX (1884), 239 sqq.; SCHAPER, L’appel de Sachsenhaeuser (Berlin, 1888); ENGELMANN, la revendication de la Paepste à la conformation aux élections du roi d’Allemagne (Wroclaw, 1886); ALTMANN, le Roemerzug de Louis de Bavière (Berlin, 1886); CHROUST, le Romfahrt de Ludwig d. B. (Gotha, 1887); FELTEN, La Bulle Ne praetereat et les Rekonziliationsverhandlungen Louis d. B. avec jean XXII. (2 vol., Trèves,1885-7); RIEZLER, le littéraire. Adversaire du Paepste à L’époque de Ludwig d. B. (Leipzig, 1874); MARCOUR, part des minorites dans la lutte entre Ludwig d. B. et Johann XXII (Emmerich, 1874); EHRLE, les Spirituals, leur Verhaeltnis zum Franziskanerordnen u. den Fraticellen in Archiv for Literaturen – u. Kirchengesch. du Moyen Âge (1885), 509 sqq.: (1886), 106 sqq.; (1887), 553 sqq.; IDEM, Louis d. B. et les Fraticellen u. Ghibellinnen de Todi u. Amelia en 1328, ibid. (1886). 653 sqq.; IDEM, Olivi et L’Appellation Sachsenhaeuser, ibid. (1887), 540 sqq.; MUELLER, archives de la société. des différends entre les minorites dans Zeitschr. pour le culte de L’Église. (1884), 63 sqq.; TANGL, les ordres pontificaux de chancellerie (Innsbruck, 1894); HAYN, L’aumône sous Jean XXII. en Roem. Quartalschr. (1892), 209 sqq.; FAUCON, la librairie des papes d’Avignon (2 vol., Paris, 1886 -); EHRLE, Hist. Bibl. Roman. Pontife. tum Bonifatianoe Tum Avinionensis, I (Rome, 1890); KOENIG, la chambre pontificale sous Klemens V. u. Johann XXII (Vienne, 1894); SAMARAN ET MOLLAT, La fiscalité pontificale en France au XIV siècle (Paris, 1905); GOELLER, Die Einnahmen der apstol. Kammer unter Johann XXII (Paderborn, 1909). Voir aussi les bibliographies des ANNATES et de la CAMÉRA APOSTOLIQUE; ANDRÉ, Hist. de la papaute à Avignon (2e éd., Avignon, 1888); CHRISTOPHE, Hist. de la papaute pendant le XIV siècle (3 vol., Paris, 1853); HOEFLER, Die avignones. Paepste (Vienne, 1871); MOLTENSEN, De Avignoske Pavers forhold til Danmark (Copenhague, 1896); PASTOR, Gesch. der Paepste, I, (4e éd., Fribourg im Fr., 1901), 67 sqq.; HEFELE, Konziliengesch., VI (2e éd.), 575 mètres carrés.

À propos de cette page

Citation APA. Kirsch, J.P. (1910). Pape Jean XXII. Dans L’Encyclopédie Catholique. New York : Société Robert Appleton. http://www.newadvent.org/cathen/08431a.htm

Citation du député. Kirsch, Johann Peter. « Pape Jean XXII. » L’Encyclopédie catholique. Vol. 8. En 1910, la société Robert Appleton est fondée à New York. <http://www.newadvent.org/cathen/08431a.htm>.

Transcription. Cet article a été transcrit pour le Nouvel Avent par John Fobian. En mémoire d’Helen L. Johnson.

Approbation ecclésiastique. Nihil Obstat. 1er octobre 1910. Remy Lafort, S.T.D., Censeur. Imprimatur. + John Cardinal Farley, archevêque de New York.

Coordonnées. Le rédacteur en chef de New Advent est Kevin Knight. Mon adresse e-mail est webmaster à newadvent.org . Malheureusement, je ne peux pas répondre à toutes les lettres, mais j’apprécie grandement vos commentaires — en particulier les notifications sur les erreurs typographiques et les publicités inappropriées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.