Le vieil homme de La Chapelle
Découvert en 1908, le squelette du « vieil homme de La Chapelle » était le premier squelette relativement complet d’un individu de Néandertal que les scientifiques aient jamais trouvé. Enterré dans le socle calcaire d’une petite grotte près de La Chapelle-aux-Saints, en France, ce squelette comprend le crâne, la mâchoire, la plupart des vertèbres, plusieurs côtes, la plupart des os longs de ses bras et de ses jambes, ainsi que certains des os plus petits de ses mains et de ses pieds. Le crâne bien conservé montre le front bas et en retrait, la face médiane saillante et de lourds sourcils typiques de l’Homo neanderthalensis.
Les scientifiques estiment qu’il était assez âgé au moment de sa mort, car l’os avait redessiné le long des gencives où il avait perdu plusieurs dents, peut-être des décennies auparavant. En fait, il lui manquait tellement de dents qu’il est possible qu’il ait besoin de sa nourriture broyée avant de pouvoir la manger. D’autres Néandertaliens de son groupe social l’ont peut-être soutenu dans ses dernières années.
La reconstitution originale du « Vieil Homme de La Chapelle » par le scientifique Pierre Marcellin Boule a conduit à la raison pour laquelle la culture populaire a stéréotypé les Néandertaliens comme des brutes à l’esprit sombre pendant tant d’années. En 1911, Boule reconstruit ce squelette avec une colonne vertébrale fortement incurvée indiquant une position baissée et affalée avec les genoux pliés, les hanches fléchies vers l’avant et la tête inclinée vers l’avant. Il pensait que le crâne voûté bas et la grande crête des sourcils, rappelant quelque peu celle observée chez les grands singes tels que les gorilles, indiquaient un humain primitif généralement primitif et un manque d’intelligence. Cependant, des découvertes supplémentaires de squelettes néandertaliens couplées à un réexamen du squelette du Vieil Homme dans les années 1950 ont montré que de nombreuses caractéristiques considérées comme uniques chez les Néandertaliens se situent dans la gamme des variations humaines modernes et que le Vieil Homme souffrait d’une « arthrose déformante grossière ». Ainsi, la posture affalée de la reconstruction d’origine peut avoir été basée sur un individu malheureux avec un handicap déformant.
Mais ce n’est pas tout à fait toute l’histoire. Une évaluation plus récente de l’ensemble du squelette par le scientifique Erik Trinkaus a montré que, si le Vieil Homme de La Chapelle souffrait d’une maladie dégénérative des articulations, la déformation causée par celle-ci n’aurait pas dû affecter la reconstruction originale de la posture de l’individu par Boule. Il semble que les idées préconçues de Boule sur les premiers humains, et son rejet de l’hypothèse selon laquelle les Néandertaliens étaient les ancêtres des humains modernes, l’aient conduit à reconstruire une créature voûtée et brutale, plaçant efficacement les Néandertaliens sur une branche latérale de l’arbre évolutif humain. (Boule a même donné à sa reconstruction un gros orteil opposable comme les grands singes, mais il n’y avait aucune déformation osseuse qui aurait dû ou pu conduire à cette interprétation.)