En conséquence, l’ADN de Néandertal est devenu progressivement plus rare chez les humains vivants. Le Dr Sankararaman et ses collègues ont proposé qu’il disparaisse plus rapidement chez les Européens que chez les Asiatiques. La première population asiatique était petite, ont suggéré les chercheurs, et la sélection naturelle élimine les gènes nocifs plus lentement dans de petits groupes que dans de grandes populations. Aujourd’hui, les groupes ethniques plus petits, comme les Juifs ashkénazes et les Amish, peuvent avoir des taux inhabituellement élevés de certains troubles génétiques.
Joshua M. Akey, généticien à l’Université de Washington, et l’étudiant diplômé Benjamin Vernot ont récemment entrepris de tester cette hypothèse. Ils ont profité du fait que seules certaines parties de notre génome ont une forte influence sur la santé. D’autres parties – les régions dites neutres – sont moins importantes.
Une mutation dans une région neutre n’affectera pas nos chances d’avoir des enfants et ne sera donc pas éliminée par la sélection naturelle. Si l’hypothèse du Dr Sankararaman était correcte, on s’attendrait à ce que les Européens aient perdu de l’ADN néandertalien plus nocif que l’ADN neutre. En fait, les scientifiques n’ont pas trouvé cette différence dans l’ADN des Européens vivants.
Le Dr Akey et M. Vernot ont ensuite testé d’autres explications possibles de l’abondance comparative de l’ADN de Néandertal chez les Asiatiques. La théorie qui avait le plus de sens était que les Asiatiques héritaient plus tard d’ADN de Néandertal supplémentaire.
Dans ce scénario, les ancêtres des Asiatiques et des Européens se sont séparés, les premiers Asiatiques ont migré vers l’est, et là ils ont eu une deuxième rencontre avec les Néandertaliens. Le Dr Akey et M. Vernot ont rapporté leurs résultats dans l’American Journal of Human Genetics.
Le Dr Lohmueller et l’étudiant diplômé Bernard Y. Kim ont abordé la même question génétique, mais dans une direction différente. Ils ont construit un modèle informatique d’Européens et d’Asiatiques, simulant leur reproduction et leur évolution au fil du temps. Ils ont ajouté de l’ADN de Néandertal à la population ancestrale, puis ont observé la divergence génétique des populations européennes et asiatiques.
Les scientifiques ont répété le modèle à plusieurs reprises, en essayant une gamme de conditions probables. Mais quelle que soit la variation qu’ils ont essayée, ils n’en ont pas trouvé une expliquant pourquoi les Asiatiques ont aujourd’hui un ADN néandertalien supplémentaire.